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Le manoir de Than, avant son incendie
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GI montant dans le grand cyprès par l'échelle
d'accès en bois (juin 1944)
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Ci dessus et à gauche, le grand cyprès, vers
1970. On aperçoit la première
plate-forme construite par les Allemands, à environ
10m de hauteur.
En rouge, l'itinéraire de Michel Hardelay
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le portail de l'Ormel
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face Nord
(détails)côté
Sud-Est
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Vue aérienne (après -guerre)
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Au manoir de Than
Les Allemands avaient creusé dans
le mur clôturant le parc du Manoir de Than quatre meurtrières
leur permettant de tirer aussi bien en direction du carrefour
de la poste que des virages et du cimetière, mais on
ne décelait aucune trace de combat sur la route.
Nous avançâmes jusqu'à l'entrée du
parc ; une des grilles de l'entrée était sur le
sol et était pliée, on pouvait apercevoir les
traces d'un engin à chenilles mais celui-ci avait fait
demi-tour au bout d'une dizaine de mètres. (peut-être
un char Américain)
Au pied du deuxième arbre bordant l'allée, à
gauche, se tenait un soldat (Américain) dans
la position du tireur à genoux, mais sa carabine était
tombée à côté de lui; il avait reçu
une balle mortelle alors qu'il cherchait probablement un tireur
caché dans l'arbre (le très grand cyprès
du parc) où était nichée une mitrailleuse
(placée tout en haut, la vue donnait sur Vierville et
la mer). Le capitaine Gardiner ramassa la carabine et
détacha la cartouchière.
Les restes calcinés du manoir se dressèrent bientôt
devant nous. Il n'en sortait aucune fumée ; avait-il
brûlé le 6 ou le 7, qui l'avait incendié
? Un bazooka armé, la gâchette retenue par un bout
de carton blanc était posé à l'angle gauche
des murs, sur une sorte de borne nous jetâmes un coup
d'œil sur les deux casemates bétonnées, contiguës
à la maison des gardes. Comme requis pour une corvée,
j'avais travaillé à l'excavation de la première
avec sept autres hommes, dont les deux stagiaires à maître
François (F.de Bellaygues), aux noms bien
français (c'était semble-t-il des anglais
fugitifs), l'aubergiste et son commis, et deux charretiers
qui transportaient la terre extraite.
Le feldwebel qui nous commandait nous avait dit de creuser jusqu'à
la nappe d'eau ; on devait la trouver à deux mètres
vingt-cinq, mais j'eus l'occasion de revenir au cours d'une
permission au printemps 1945 (MH s'était
engagé dans l'armée pour la fin de la guerre),
je constatais que l'eau recouvrait la deuxième marche
de l'escalier de descente. En attendant le retour du feldwebel
venant constater que le plus bas niveau était atteint,
j'avais, avec de la glaise jaune du trou fait la tête
d'Hitler, assez ressemblante. Je l'ai conservée en souvenir.
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le plan des nombreux abris construits par les Allemands
dans le parc.
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Nous
continuâmes vers les communs: dans une remise ouverte
à gauche de l'entrée postérieure, on avait
placé le corps du feldwebel sur une porte supportée
par deux tréteaux; sa croix de fer avait été
disposée bien en vue sur sa poitrine. Nous avançâmes
jusqu'à l'entrée donnant sur la route desservant
le quartier du "Maroc". Deux Allemands gisaient dans le retour
du mur, à droite. L'un était très jeune,
l'autre avait des cheveux gris. Ils tenaient leurs fusils à
la main pointés vers le Nord, le capitaine ramassa les
deux Mauser et les cartouchières.
Je lui proposai d'en porter une partie ; il me répondit
qu'un civil ne devait pas porter d'armes cependant, un peu plus
tard, en ayant encore récupérées il consentit
à me donner les cartouchières.
Au château des Isles (chez les
Ygouf)
" Nous refîmes le trajet inverse et regagnâmes
la route de Formigny nous longeâmes la propriété
de la famille Y. (Ygouf), incendiée la
veille, passâmes devant
l'entrée de l'Ormel sans y rentrer.
A la maison de Raymonde Hue
"Je ne sais quel instinct me poussa à entrer dans
la maison à gauche. Peut-être la porte ouverte
et les volets clos? C'était la maison habitée
par la communiante à la bicyclette bleue (Raymonde
Hue, 12 ans), Dans la pénombre,
la première chose qui me frappa ce fut le gros édredon
de satin rouge sur lequell était couché un allemand
mort; un autre geignait doucement dans un coin à droite.
J'avançai d'un pas: le long de la porte était
allongé un soldat allemand qui murmura, à travers
la mousse rougeâtre qui sortait de sa bouche " I
want to see an american officer" !!! je lui répondis
"wait a minut, he is very near, I call him" Il parut
soulagé, et je sortis et dit au capitaine: "un blessé
vous demande". Il entra dans la maison, en ressortit un
instant plus tard, héla un soldat, lui donna un ordre,
et vint me retrouver sur la route du Vaumicel. Nous n'avions
pas fait 50m qu'une jeep s'arrêtait devant la maison et
en repartit au bout d'un instant.
A ce moment, nous croisâmes la mère de la fille
à la bicyclette bleue. Je ne pus m'empêcher de
lui dire: "Attendez 5 minutes avant d'aller voir chez vous,
actuellement ce n'est pas joli".
Et voici le récit de Raymonde: "Le
lendemain matin, le 8 juin, deux officiers américains
avec le garde champêtre de Louvières, nous
ont dit que nous étions libérés (à
ce moment là, Raymonde Hue se trouve sur la commune
de Louvières). Nous sommes donc rentrés
chez nous et en repassant par le chemin, on a pu voir tous
les dégâts et les morts. En rentrant à
la maison, on a constaté qu'elle était démolie
et que les murs étaient éventrés. A
l'intérieur, il y avait deux soldats allemands morts
et un troisième qui était blessé. Ma
mère connaissait le soldat blessé, il était
à la Kommandantur et il dormait le soir chez Monsieur
Lelarge, chez qui les Allemands avaient réquisitionné
des chambres. Ce soldat allemand qui agonisait dans la maison,
était à Vierville depuis 2 ans, il avait toujours
dit à ma mère qu'il était le trésorier-payeur,
quand il venait chercher chez mes parents le soir, un litre
de lait. Il a demandé à ma mère à
boire, elle a été lui chercher un verre d'eau.
A ce moment là, Monsieur Hardelay est arrivé
avec deux officiers américains. Elle leur a alors
dit qu'elle lui avait donné un verre d'eau. Les officiers
américains ont pris contact avec le soldat agonisant
et après, lui ont dit qu'elle avait bien fait de
lui donner à boire car il s'agissait d'un homme blessé
et d'un espion américain." |
"Le lendemain, lorsque la famille
Ygouf m'eut raconté l'aneccdote de la troupe d'Allemands
ne paraissant pas connaître cette langue, je ne pus m'empêcher
de faire le rapprochement avec cet allemand blessé m'adressant
la parole en anglais et exigeant un officier comme interlocuteur.
Ces hommes avaient-ils été parachutés pendant
la nuit ? J'ai eu l'occasion de consulter la carte détaillée
des parachutages. Celle ci note un parachutage d'un homme des
2 divisions lâchées sur le Cotentin, en un point
situé entre Vierville et Formigny, dans les fonds de
Véret, par un avion égaré. Le livre sur
la Pointe du Hoc parle de quelques hommes, qui, parachutés
par erreur hors zone, ont prété main-forte aux
Rangers. Un fermier aurait vu un parachute tard dans la soirée
du 5 se poser dans les prés de Véret. Mais un
seul, pas un détachement.
Il faut donc supposer que la compagnie
qui, venant de Saint-Laurent, se cantonna aux Isles le soir
du 6 juin avait amené avec elle des GI qui revêtirent
une tenue allemande, qui avaient des armes allemandes et créèrent
une sanglante diversion le lendemain, car il semble qu'il y
ait eu de nombreux morts de part et d'autre, ayant aperçu,
lors de mon passage aux Isles le 8, des masses sombres à
travers les hautes herbes.
Ayant eu au cours de nombreuses cérémonies commémoratives
et inaugurations officielles, l'occasion de m'entretenir avec
des officiers supérieurs et même des généraux
de la National Guard, je leur posai cette question:
"Y a-t-il eu des soldats Américains
habillés en Allemands pour créer une diversion
le 6 juin?"
Les premières années, ils paraissaient scandalisés
par la question, puis peu à peu leurs dénégations
se firent moins fermes, enfin, assez récemment un général
me répondit "c'est possible".
Au château du Vaumicel
(Nous) arrivâmes à la route
du Vaumicel. Nous approchions du Vaumicel, tout
paraissait calme et aucun dégât n'était
visible. Nous entrâmes dans la cour puis gagnâmes
le bâtiment d'habitation; j'ouvris la porte et appelais;
personne ne répondit.
Nous allâmes jusqu'à la grange récemment
incendiée au fond du jardin, personne non plus. J'avisai
une petite porte dans le haut mur clôturant le potager
et la poussai; le long du mur il y avait un grand abri et trois
hommes en sortirent dès qu'ils nous aperçurent:
maître François (François de Bellaygues)
et ses deux stagiaires. Je présentais le capitaine et
les deux stagiaires se nommèrent. Je leur dis: "Vous
pouvez maintenant donner vos vrais noms. Ils s'exécutèrent.
Le capitaine sortit alors un petit calepin de sa poche et sembla
vérifier les deux noms.
Je renseignai le propriétaire des lieux sur les événements
des deux jours précédents; il me dit que sa femme,
lui-même et le personnel de la ferme étaient dans
l'abri depuis 48 heures et que personne n'était venu
les voir avant nous."
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