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La contre-attaque Allemande du 7 juin
(souvenirs du sergent Dube, partie 3)

(voir aussi les parties 1, 2 et 4)


(traduction lettre Sergent Dube
à Monsieur Hirst)

croquis du champ dans lequel Dube a passé la nuit du 6 au 7 juin
Et voici sur cette contre-attaque Allemande, le témoignage du sergent Dube. Dube ne précise pas exactement où se trouvait le champ où il a bivouaqué cette nuit du 6 au 7 juin, probablement dans la partie Sud de Vierville, mais ce n'est pas sûr.

"Cette nuit-là, nous avons placé des gardes (2 par coins) aux 4 coins du champ. Les 7ème, 8ème, et 9ème escouades et le Lieutenant Pope avec son staff étaient sous le couvert le long d'une haie. Il y avait un espace de 50 cm à 1 m où l'on pouvait ramper et s'abriter. J'ai remarqué et parlé avec des Rangers Américains qui allaient s'installer de l'autre côté de la haie.

Les Allemands ont contre-attaqué tôt le matin, à l'aube. J'ai aperçu 2 ou 3 Allemands près des camions. L'un d'eux a dit à l'autre qu'il y avait quelqu'un sur le toit du camion.


Quand je les ai vu, j'ai dit aux 2 hommes près de moi de se préparer à leur tirer dessus. Avec Mike Quinn, le second après moi. J'ai dit que j'avertirai au moment de tirer. On était sûr de toucher les Allemands qui faisaient maintenant prisonniers nos conducteurs. Il y avait aussi Clyde Leveille, juste à ma droite, Clyde n'avait que 18 ans, il fallait avertir l'homme sur ma gauche et attendre que je dise "Feu!". Bon, peut-être que Clyde a paniqué, mais il a tiré trop tôt, a manqué, comme Mike. Ils
essayaient de ne pas toucher nos hommes. Leurs objectifs filaient maintenant, emmenant avec eux les prisonniers Américains. Une fois ces coups tirés, les Allemands qui étaient tout autour commencèrent à tirer avec des armes légères et automatiques. Tout s'est déchaîné. J'ai dit à mon escouade de rester tranquille car je pensai que les Allemands ne savaient pas où nous étions. Ces tirs ont duré une bonne demi-heure sans que des Américains répondent. Tous étaient partis sans rien me dire.



Deux jours après, j'ai appris que le lieutenant Pope et les 7ème et 8ème escouades, étaient partis en retraite vers la plage. Les Rangers avaient filé sans dire un mot, tous les gardes des coins A, C et D furent capturés et faits prisonniers.

Après être restés à couvert pendant encore 1 heure, Georges Burham, mon assistant pour la 9ème escouade, environ à 10 hommes de moi, commençaient à être bien embêté. Il ne voulait pas parler parce qu'il avait donné l'ordre de rester silencieux. Il a décidé de venir me parler pour savoir ce qui se passait.

Alors il est sorti des broussailles et a rampé avec son fusil dans le champ le long de la haie où nous étions jusqu'à ce qu'il arrive à ma hauteur.
Quand je l'ai vu s'approcher, je me suis avancé pour savoir ce qu'il voulait. Juste à ce moment un coup a été tiré à travers le champ, peut-être sur Burham, l'a manqué, est passé très près de mon visage, a traversé une feuille et claqué, faisant un bruit très fort. C'était si proche que j'ai cru qu'il avait traversé le col de ma chemise.
J'ai tiré Burham dans le fossé où j'étais, sous la haie. Le coup avait dû venir d'un tireur dans les arbres de l'autre côté.
A ce moment tous les animaux dans le champ avaient été touchés par les tirs de mitrailleuses et avaient été tués.

J'ai essayé avec Burham de savoir où nos troupes étaient passées. Nous savions qu'il y avait des Allemands tout autour de nous, mais on ne pouvait les voir. J'ai dit à Burham de rester à ma place, que j'allai voir par dessus la haie et essayer de localiser nos hommes.

C'est quand j'ai été sur la haie que je me suis rendu compte que les Rangers étaient partis. J'ai rampé dans les trous que les Rangers avaient creusés le long de la haie, jusqu'au poste de garde A, j'ai vu des fusils Américains cassés, il semble qu'il y avait eu un accrochage la nuit, mais je n'ai vu personne au point A.
J'ai dit à Burham en revenant que je n'avais vu ni Américains ni Allemands. Nous entendions des tirs de fusil et parfois de mitrailleuse allemande à une certaine distance.

J'ai dit à mon escouade, nous partons, mais nous allons ramper sous la haie jusqu'à l'extrémité du champ. Nous essayeront d'atteindre cette ferme en espérant reprendre contact avec des Américains.

Nous avons retrouvé le Lt. Pope, le Staff/Sargaent Margousski, sergent de peloton, et Bob Champagne, sergent des armes lourdes, au bout du champ, ils avaient aussi perdu le contact avec les troupes US.

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