croquis établi sur la base des
indications de Michel Hardelay
(détails)
La tour de l'église était démolie mais
la partie escalier est restée intacte et l'on pouvait
y monter facilement
le carrefour de Vierville croquis dessiné par un GI
d'un bataillon du génie de l'air
(détails)
A droite la maison Le Bastard, le bureau de tabac.
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Le 9 juin, un Allemand dans le clocher
"Peu après la fin de notre déjeuner nous entendîmes
le bom-bom proche d'une mitrailleuse lourde. J'enfourchai ma
bicyclette et partis voir ce qui se passait.
Le fossoyeur était en train de creuser une tombe pour
le mari de la postière que l'on devait ramener en fin
d'après-midi lorsqu'une balle siffla à ses oreilles
et vînt s'écraser sur le fond de la tombe presque
terminée. D'après l'impact le coup ne pouvait
provenir que du haut de l'escalier du clocher. Le père
Hélène, qui ne voulait pas que cette tombe soit
la sienne, sortit du trou d'un bond et prévint les Américains.
Ceux-ci envoyèrent un half-track sur place, et celui-ci
tira (à la mitrailleuse lourde 12,7mm)
à travers les fines meurtrières éclairant
l'escalier. On m'assura qu'ensuite un noir était monté
dans la tour ...et avait tué ou achevé l'allemand
qui devait être là depuis mercredi soir
(le 7 juin), étant venu avec la contre-attaque
ennemie et étant chargé de renseigner les siens
sur les mouvements des unités U.S.
Mais ce n'était pas le dernier allemand de caché
dans la commune. En effet le 6 juillet un Allemand las d'attendre
le retour des siens et aussi ayant fini les provisions amassées
dans sa cache sortait de celle-ci, située dans l'actuel
terrain de camping et se rendait à un noir préposé
à la manutention d'un ballon."
Et voici le récit du cannonier Allen
Levin,116th Infantry Regiment, Cannon Company, qui,
lui aussi, a eu affaire au sniper de l'église:
"Nous avons finalement pu rejoindre la Cannon Company
à Vierville-sur-Mer à D+3.(9 juin).Vierville
est un petit village construit autours d'un square. La Cannon
Company s'était installée sur un terrain à
coté de ce square. Au centre du square, il y avait
une église avec un clocher. Il y avait un terrain
de chaque côté, la Cannon Company était
sur l'un d'eux et sur l'autre il y avait une pompe à
eau. Quand un de nous voulait aller chercher de l'eau, un
sniper qui était dans le clocher tirait dessus. Aucun
de nous n'avait été atteint quand j'ai entendu
parler de lui. Je suis allé sur la route et j'ai
essayé de voir d'où venait le tir. Le Lieutenant
Hill du 115th AntiTank arriva avec une jeep, il me demanda
quel était le problème. Il me dit de lui donner
une de nos carabines lançant des grenades. Il lança
une grenade à travers les fentes du clocher sans
toucher les côtés. Quand la grenade explosa,
les hommes pénétrèrent dans l'église
pour voir si le sniper avait été tué.
Ils trouvèrent un casier à vin dans l'église
et stoppèrent leur recherche. Ce jour là,
nous n'avons pas su le destin du sniper mais les hommes
furent joyeux. " |
Visite
de 2 officiers américains:
"Un jour, vers midi, nous eûmes la visite de deux officiers
U.S. qui las de manger les éternelles mêmes conserves
nous demandèrent si on pouvait leur cuire deux biftecks
qu'ils s'étaient procurés. Bien entendu ils déjeunèrent
avec nous et les frites accompagnèrent la viande. Ils
ne parlaient pas français mais je réussis à
comprendre que c'étaient eux qui avaient été
chargé de préparer les cartes détaillées
du débarquement sur Omaha-Beach et que deux questions
les préoccupaient.
Ils croyaient que la voie du petit tortillard existait encore
car bien visible sur les photos aériennes.
Ils avaient étudié le déplacement
des bancs de sable sur la plage mais n'avaient trouvé
aucune règle valable.
Sur ce dernier point je leur dis qu'il n'y en avait pas
et que leur déplacement dépendait des tempêtes
et était donc imprévisible."
Les MP (la "Military
Police", avec des casques à bandes blanches)
"Ils avaient leur poste dans un petit bâtiment, ancienne
boucherie, sans mur de façade et sans toit, - ils en
avaient fait un avec des matériaux de fortune - Deux
de ceux-ci étaient des motards accoutrés de très
larges ceinture de cuir.
Leur travail consistait, outre les missions
de police militaire, à régler la circulation au
carrefour de la poste et notamment siffler les camions qui perdaient
une caisse en passant dans le trou causé par un obus
tiré sur le carrefour le 7 juin; mais pas n'importe quelle
caisse, car lorsque c'était un produit recherché
(cigarettes, chocolat, etc...) ils se le gardaient pour eux
afin de faire du troc (avec les civils)
Quand il y avait des convois ils réglaient
la circulation et indiquaient aux conducteurs de tête
leurs itinéraires et lieux de campement, "areas" désignées
par des mots courts, Able pour A, Baker, Charlie, Dog, Easy,
etc. Un jour je me souviens d'avoir fait un comptage j'ai dénombré
110 véhicules en une minute!
Mais certains jours c'était beaucoup plus calme et il
leur est arrivé de mettre la plus jeune (Paulette)
des filles du père Louis (Coliboeuf) en
faction avec casque et bâton blanc au milieu du carrefour
et de s'être assis dans leur réduit. Un général
était passé, s'était arrêté
pour examiner cette nouvelle recrue et avait poussé un
énorme éclat de rire.
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(détails)
La famille Coliboeuf vers 1947, Paulette est la plus jeune
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J'allais les trouver si je trouvais une
arme abandonnée. Ainsi la postière, revenue voir
ce qui lui restait, c'est-à-dire quelques mètres
de potager, avait découvert un fusil dans ses salades.
J'avais prévenu les M.P., mais ils venaient de recevoir
une note de service les avertissant que les Allemands avaient
pris l'habitude de piéger les objets les plus divers
(clenche de porte, chaîne de WC, corde de puits, etc...)
en se retirant.
Je leur proposais de tirer de derrière un mur le fusil
avec une corde munie d'un crochet. Bien entendu rien ne se produisit,
mais le fusil était chargé, ce devait être
celui du jeune Allemand fait prisonnier devant nous le 7 juin
à 17 heures."
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