Historique
Réquisitionné par
le Ministère des Transport de la Guerre, affecté
à la classe " Empire ", et renommé "
EMPIRE BROADSWORD ", ce cargo est transformé en
L.S.I., transport de troupes sur la zone d'assaut. Il est équipés
d'une vingtaine de L.C.À. (Landing Craft Assaut) barges
d'assaut avec 4 hommes d'équipage et 2 mitrailleuses,
pouvant transporter 35 soldats et 400 kilos de matériel).
Ces L.C.A. servaient à débarquer les troupes de
première vague sur les plages.
Le 5 juin 1944, il quitte l'Angleterre et emmène 1300
soldats et 18 barges de débarquement de la première
vague pour t'assaut de Sword Beach.
Le naufrage
Un mois après, le 02 juillet 1944, alors qu'il effectuait
un voyage de routine, il manoeuvre dans une zone de mouillage
pour débarquer 110 marines et à 18h05 heurte deux
mines de façon quasi simultanée. Les violentes
explosions entre les cales 4 et 5, juste au dessus la quille,
soulèvent l'arrière du bateau, éjectant
plusieurs barges débarquement de leur poste de largage
et inondent la salle des machines. Tandis que les blessés
sont évacués dans des canots, l'arrière
se brise rapidement. Afin d'éviter que le navire dérive
avant avoir terminé l'évacuation, le capitaine
Patchett ordonne que t'on mouille les deux ancres mais soudain
le navire gîte sur tribord ; il commande immédiatement
l'évacuation. A 18h35, alors que le capitaine embarque
sur une vedette, le bateau chavire sur tribord et coule. Il
y a eu sept victimes tuées par les explosions.
Construit aux USA, 1942, en série,
en 49 jours, à Wilmington aux chantiers Consolitated
Steel Corporation Ship Yard, sur plan des "cargos liners"
. Lancé en décembre 42 sous le nom de "Cape
Marshal"
CanonsAA: 1x102mm,1x75mm, 2 Bofors de 40mm, 10 Oerlikon de 20mm
Mis en service comme LSI
Etait équipé de 18 LCA pour les opérations
sur Sword. A fait 9 AR sur Omaha et Utah. Le 6 juillet : retour
du 9ème voyage, à vide
Le lieutenant G.A.O. BOURNE était second maître,
comme tous tes " Petty Officers " dans la Royal Navy.
Il faisait partie du Royal Observer Corps (R.O.C.), personnels
chargés de reconnaître les avions dans le ciel,
afin de prévenir tes attaques mais aussi d'éviter
que la Royal Navy ne tire sur ses propres avions ou des avions
alliés. A ce titre, le lieutenant BOURNE a effectué
plusieurs allers-retours sur L'EMPIRE BROADSWORD. Il ne se trouvait
pas à bord le 2 juillet 1944. Cette lettre adressée
au Lieutenant Bourne est écrite par R. Jones, canonnier
à bord du L.S.I.
"Manchester le 30 Juin
1945
Cher Mr BOURNE
J'ai l'impression que je
dois écrire pour vous parler de l'Empire Broadsword,
vous vous souviendrez peut?être de moi, j'étais
en charge des canons Bofors de tribord.
En lisant un exemplaire du "Aeroptane Spotter " daté
du 14 décembre 1944, j'ai immédiatement reconnu
votre photo prise tors des félicitations du Chef de l'Armée
de l'Air.
Votre contribution au jour J, comme nous l'avons vu, fût
des plus précieuses. Je continue mon histoire.
En tout, nous avons fait neuf traversées, la plupart
pour débarquer des troupes américaines à
Omaha et à Utah. Et puis le dimanche 2 juillet vers 18
heures, c'est arrivé. Deux fortes explosions et te bateau
commence à gîter sur tribord. Les canons Bofors,
ainsi que tes 4 pouces de queue, passent par?dessus bord. Les
L.C.A. sont projetés à quarante mètres.
Ce n'était pas la première fois pour moi ? ça
m'était déjà arrivé deux fois ?
mais je n'avais jamais entendu de telles explosions.
Je fus projeté dans les airs et j'eus l'impression que
je venais juste de redescendre quand j'ai repris mes esprits.
Mon gilet de sauvetage et mes habits avaient été
arrachés, et je me suis retrouvé nu comme un ver,
j'étais bien mal en point quand j'ai été
recueilli par ta vedette des gardes?côtes américains
qui m'emmena sur un destroyer.
Vous vous souvenez sûrement du sergent COX, et du Petty
Officer HUGHES, ils ont fait un super boulot dans l'eau à
sauver des blessés mais je suis triste de dire qu'il
y a eu beaucoup de pertes. Plusieurs canonniers et marins, tués
dans l'explosion et particulièrement mon meilleur ami,
celui qui avait l'habitude de couper les cheveux ? vous vous
souvenez de lui ? un gars très calme. Il y a eu environ
170 blessés, dont certains très gravement. L'officier
canonnier et le docteur furent tous les deux blessés
et transportés dans le même hôpital que moi.
Bien que le navire risqua de couler rapidement, il n'y eu pas
de panique. Tous tes gars essayaient de s'entraider, et la dernière
fois que j'ai vu le vieux bateau, c'est quand j'étais
allongé sur le pont du destroyer américain. L'Empire
à coulé en dix minutes.
On m'a dit après que tlun des R.O.C. a été
tué, mais je n'en n'ai pas la confirmation. C'était
un jeune gars avec une main déformée. Peut?être
savez vous s'il a disparu. Tous les survivants ont été
débarqués à Southampton et transférés
à l'hôpital militaire de Winchester où nous
avons été soignés.
Je suis resté en tout six mois à ['hôpital
et j'en suis sorti en décembre. Après sept jours
de permission, on m'a envoyé à Belfast sur un
nouveau bateau, et j'arrive juste du Pacifique après
avoir fait le tour de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande
et des Iles.
Nous sommes à quai dans un port du Nord Ouest, juste
à coté de deux navires que vous connaissez bien
: L'Empire Mace et le Halberd. Vous les connaissez, mais je
vois qu'ils naviguent maintenant sous le Pavillon Blanc.(le
pavillon de la Royal Navy, , l'Union Jack avec fond blanc)
Je pense que c'est tout pour te moment, mais si vous voulez
des détails sur un gars en particulier, j'essaierai de
vous tes fournir.
Sincèrement vôtre
R. JONES"
|
Le 6 juillet 1944, un cargo Britanniques du
modèle "Victory Ship" (c'est à dire un peu plus
grand et plus rapide que les "Liberty ships", à heurté
vers 8h00 une mine à 3 miles au large d'Omaha Beach.
Le navire a coulé rapidement et 7 marins n'ont pu être
sauvés. 170 hommes ont été recueillis.
Touché à l'arrière, toute
la poupe avec les 2 canons de 40 de DCA s'est effondrée
dans l'eau, l'épave a dérivé 32 minutes
avant de couler. De ce fait l'arrière et 8 LCA sont assez
loin dans l'Est.
L'épave gît par des fonds de 22m
(22m d'eau à la plus grande marée basse). A l'origine
le mât était visible hors de l'eau à marée
basse. L'épave a été recépée
depuis et, d'après les cartes, son point le plus haut
est à 2,40m en dessous de l'eau à marée
basse.
Depuis la guerre cette importante épave
est signalée par un bouée. D'abord il s'est agi
d'une bouée "verte", bouée d'épave classique
à l'époque, puis elle a été remplacée
par une bouée Noire-Jaune-Noire lumineuse, à 3
éclats blancs groupés signalant un danger à
l'ouest de la bouée.

(détails)
Longueur 121,3m, largeur 18,4m,
tirant d'eau 10,7m
Déplacement 7177t
Machineds à turbines, vitesse 15 noeuds
Des photos du naufrage
photo 1
photo 2
photo 3

Un cutter des CG embarque les naufragés
|

L'Empire Broadsword
photo 4
photo 5
photo 6

(détails)

Le navire vient d'^tre touché,
un SC se porte au secours

Quelques minutes après

La fin
|
|

2 Images Sonar de l'Empire Broadsword
|

(détails)
Etat actuel de l'épave
La plongée sur l'Empire Broasword
L'épave de L'EMPIRE BROADSWORD
est maintenant marquée par une grosse bouée
cardinale (autrefois appelée "la bouée
verte", les plongeurs de l'époque ignoraient alors
te nom du navire) à environ 3 milles au nord de Omaha
devant Vierville-sur-Mer. La taille de I'épave fait
de ce site de plongée un lieu très visité.
Il permet à des plongeurs de niveaux différents
d'évoluer au cours d'une même sortie. Cette épave
est sûrement l'une des plus intéressantes de
la baie de Seine dans la bande des 5 milles.
En effet, avec une profondeur
moyenne de 21 mètres en basse mer, "l'Empire"
repose essentiellement sur le sable. L'exploration se déroute
d'Ouest en Est sur une longueur de 120 mètres environ.
L'impact des deux mines a séparé le bateau en
trois parties.
L'arrière est la partie
ta plus spectaculaire ; longue d'environ 35 mètres,
elle est orientée Est?Sud?Est, et est couchée
sur tribord. Le safran est posé sur le sable. En remontant
sur le pont, on découvre te canon pointant vers l'arrière
(il y a quelques années, il pointait vers l'avant !),
les treuils de levage et sur chaque bord, tes emplacements
des canons de 20 mm Oerlikon et les bossoirs. Une ancre est
toujours fixée au milieu du pont. La cale où
très souvent les bars rôdent, est largement ouverte.
Les mâts de charge toujours équipés de
leurs palans sont tombés sur le sable. Enfin, subtilité
de cette plongée, le mât central remonte jusqu'à
? 6 mètres, ce qui en fait un support idéal
pour faire ses paliers.
Le milieu se compose d'un enchevêtrement
de tôles où il est difficile de se repérer.
On y distingue cependant une partie du château avec
ses coursives et ses échelles. Les planchers n'existant
plus, les lavabos et les toilettes sont tombés au fond
de ta structure. Vers le centre, nous passons au dessus d'une
partie de la coque complètement retournée, la
quille orientée à l'Est. Ce morceau est prolongé
par un autre, plus bas d'une longueur de 20 mètres.
En poursuivant notre périple
vers l'avant, nous traversons quelques mètres de sable,
puis nous retrouvons un amas de ferrailles avant de nous positionner
devant la coque couchée sur tribord, le pont complètement
à la verticale, la quille côté Nord. Cette
partie mesure environ 35 mètres de long. Le pont est
très abîmé, et les trous permettent de
voir l'intérieur des cales. On y voit également
des treuils et les tourelles de canons 20 mm Oerlikon. Pour
finir, tout à fait à l'Est, la proue disparaît
dans [es cailloux.
On le voit, cette épave
pour être correctement connue et appréciée,
mérite plusieurs plongées. La faune, la lumière
et les contre-jours offriront au visiteur, des effets grandioses
où l'émotion toujours présente peut lui
faire oublier les dangers et les pièges dus à
l'usure du temps. En effet, il est recommandé la plus
grande vigilance aux plongeurs audacieux qui voudraient s'aventurer
à l'intérieur de ces vestiges. La corrosion
très active a fragilisé les superstructures,
le château est très "fatigué"
et menace de s'effondrer. Inexorablement, le temps fait son
oeuvre.
En septembre 2003, tors d'une
plongée, une mine allemande de type L.M.B. (mine magnétique
parachutée), fut découverte dans te Nord-est
de l'épave, à proximité de la bouée
cardinale. Elle fut détruite te 21 octobre par le groupement
des plongeurs démineurs de Cherbourg.
|