5 des LCA de Jimmy Green approchent de Vierville, transportant la Cie A/116
Il est 6h00 du matin et il fait encore sombre, le soleil vient de se lever.

Voici les commentaires du gendre de Jimmy Green sur cette photo:
"Five LCAs approaching Vierville-sur-Mer at dawn on D-Day less than 1000 meters from the beach.
The first wave of infantry landing craft either side of the Vierville-sur-Mer draw were British LCAs (Landing Craft Assault) with Royal Navy crews from HMS Prince Charles and SS Empire Javelin. They were assigned to the Omaha sector under US Navy command.
Company C/2nd Rangers and Company A/116th Regiment/29th Infantry Division landed in 7 LCAs in the first wave.
My father-in-law, Jimmy Green, was the Royal Navy officer in charge of the first wave. Kevan"

 



 

 

 

 

 

 

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Témoignage du Lieutenant Green
Commandant la 551ème Flottille de LCA


Cette flotille a transporté le 6 juin la compagnie A/116

Vers 4h du matin le 6 juin 1944, les 6 premiers LCA de la 551ème Flottille d'assaut ont été mis à l'eau par le transport "SS Empire Javelin", dans une mer agitée, avec les hommes de la Compagnie A/116 déjà embarqués.

L' Enseigne de vaisseau George "Jimmy" Green, marin chargé de les conduire à Omaha Beach (Secteur Dog Green devant Vierville) avait déjà de l'expérience (il avait participé à bord du destroyer HMS "Bulldog" à la capture du sous-marin U-110, le 9 mai 1941, avec son équipage et son équipement, y compris une machine à chiffrer "Enigma" ! ).

"Début 1944, j'ai rejoint la 551st Landing Assault Flotilla, à Plymouth, en tant que Divisional Officer (fonction qui est aussi appelé Executive Officer). Nous attendions l'arrivée du SS Empire Javelin (notre vaisseau mère). Après être arrivé à Plymouth, le SS Empire Javelin a appareillé pour l'Ecosse. Nous nous y sommes entraînés, de jour comme de nuit, avec les troupes.
Début juin, l'Empire Javelin est arrivé à Portland, et nous avons pris à bord le 1er Battalion du 116th Infantry Regiment, avec d'autres unités, qui étaient en support. Il y a eu une série de briefings au Pavillon à Weymouth, et j'ai assisté à un briefing spécial, en raison de mon rôle particulier.
J'étais le leader de la première vague, et je devais débarquer la Company A du 116th Infantry Regiment, à Vierville-sur-Mer, à 06h30, le 5 juin. J'avais six bateaux de la 551th Flotilla sous mes ordres, plus deux LCA du HMS Prince Charles, qui transportaient la Company C du 2nd Ranger Batallion. Le Captain Taylor Fellers m'a dit, qu'en ce qu'il le concernait, c'était la première fois que lui et sa Companie iraient au combat, et il m'a demandé toute mon aide. Je l'ai assuré, que si nous pouvions voir des Allemands, nous ouvririons le feu, avec nos Lewis Guns.

"Mon LCA 910 se trouvait à tribord sur le pont inférieur avec le LCA 911 derrière moi. Le Captain Taylor Fellers et 31 hommes attendaient à coté du LCA 910. Ils furent rapidement à bord pour être lâchés sur une mer noire et inamicale. Quand LCA 910 fut décroché, nous fûmes heurtés à la poupe par LCA 911 et nous avons commencé à prendre l'eau dans chambre des machines. Après en avoir discuté avec le "Stoker" Webb, nous avons pensé que nous pourrions rester à flot si Webb utilisait au maximum la pompe à main. Après ce petit incident nous avons trouvé le bateau de patrouille américain qui devait nous escorter une partie du chemin vers Vierville. Nous nous sommes mis en route en deux colonnes de trois, avec le LCA 910 à la tête de la colonne de tribord et le SubLieutenant Tony Drew à la tête de la colonne de bâbord. Il n'y avait aucun signe des deux LCA du HMS Prince Charles et nous sommes partis sans eux. C'était difficile d'avancer dans cette mer défoncée et il nous embarquions de l'eau par dessus la proue. Malgré tout, nous étions à l'heure. A 8 kilomètres de la côte, nous avons lâché le patrouilleur américain après un échange mutuel de signaux de respect. Quelques minutes après, nous sommes tombés sur un groupe de LCT qui avançaient deux fois moins vite que nous. Nous les avons laissés dans notre sillage et nous ne les avons jamais revus. Le jour commençait à se lever et le bombardement des navires de guerre et des croiseurs avait cessé. Je pouvais vaguement distinguer les côtes françaises à travers l'obscurité et remarquer des nuages de fumée en haut des falaises. Le moment approchait de former une ligne de front et de se ruer sur le rivage. Je me suis retourné pour voir si les autres bateaux y arrivaient. J'ai vu à ce moment là, la proue du LCA 911 plonger dans mer et disparaître sous les vagues. Tout l'équipage et les soldats avaient leurs gilets de sauvetage et je pouvais seulement espérer qu'ils puissent rester à flot jusqu'à ce que je revienne. C'est contre les principes d'un marin d'abandonner ses camarades à la mer, mais le LCA 910 n'avait plus de place et nos ordres étaient clairs : "Laisser les survivants à la mer, ils seraient récupérés plus tard". Il était essentiel de débarquer à l'heure. Quelques minutes après, alors que nous approchions du rivage, j'ai repéré quelques bunkers et j'ai espéré qu'ils soient neutralisés. Un groupe de LCT(R) arriva derrière nous et ils tirèrent toutes leurs roquettes. Aucune n'arriva près de la ligne de rivage. Maintenant, nous étions seuls sur la bonne plage et au bon moment, en tête. On ne voyait personne de chaque côté. Juste soi-même. Et la côte française. Une aventure extraordinaire. A 30 mètres du rivage, on a talonné",

Le Captain TayIor Fellers voulait débarquer à la droite du défilé et les trois autres bateaux de la colonne de tribord, à la gauche du défilé. Taylor Fellers s'est avancé dès que la rampe fut abaissée, avant j'avais pu lui souhaiter bonne chance. Ils ont tous été déposés sains et saufs sur la plage.

Jimmy se souvient, les troupes, assises sur 3 files face à la plage, sont sorties, file du milieu, puis gauche puis droite, décidées, et comme à l'entraînement. Alourdis par leurs armes et équipements, ils sortaient lentement par l'ouverture étroite du LCA. Cela a duré très longtemps et Jimmy "voulait foutre le camp de là au plus vite".

Avec de bonnes raisons, car les mortiers avaient trouvé la distance et les obus tombaient de plus en plus. Comme les derniers soldats quittaient le 910, Jimmy a rompu le silence radio et rendu compte "Avons débarqué à l'heure, contre opposition."  Les mitrailleuses Allemandes n'avaient pas encore tiré. "Je n'ai pas vu la mort de Taylor Fellers"  dit Jimmy, "je l'ai vu s'avancer, arriver sur le sable, commencer à s'organiser"A ce moment là, il y avait une accalmie des tirs allemands. Le débarquement avait pris assez de temps et je brûlais d'envie de retourner vers les survivants du LCA 911, espérant qu'ils soient toujours à flot à 1,6 kilomètres rivage. J'ai regardé sur ma gauche et j'ai vu Tony Drew au niveau de la poupe de son LCA. J'avais l'intention de voir si je pouvais l'aider quand mon pilote me dit qu'ils y avaient quelques uns de nos jeunes gars sur la plage. Je pensais que c'était de la malchance, mais il avait raison. Les deux bateaux avec les Rangers à leur bord avaient débarqué juste derrière nous, à droite. L'équipage de l'un de ces bateaux nous faisait signe frénétiquement et voulait que nous les récupérerions. Je pensais à Toni Drew, aux survivants du LCA 911, mais je ne pouvais laisser ceux qui étaient encore sur la plage. L'un d'eux était blessé et était soutenu par des marins. Ils m'ont dit qu'ils avaient été frappés lors du débarquement par quatre obus de mortier qui avaient détruit leur LCA et tués beaucoup de Rangers. Nous sommes retournés (ensuite) chercher les survivants du LCA 911."

Jimmy a quitté la Royal Navy en 1946, il a fait des études d'histoires puis a repris du service dans l'armée d'où il a pris sa retraite comme Colonel. "Un marin a toujours le plus grand respect pour les troupes qu'il transporte" dit-il.